Détection en août et prise en charge locale
Depuis le mois d’août, des cas de chikungunya ont été signalés à Eybens, commune située à proximité de Grenoble. Le dernier point communiqué par l’Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes annonce 15 cas confirmés sur place, auxquels s’ajoutent deux prélèvements encore en cours d’analyse. Il s’agit de cas autochtones : les personnes concernées n’ont pas voyagé dans une zone à risque au cours des quinze jours précédant l’apparition des symptômes.
Pour la municipalité, il s’agit d’une situation inédite. Le maire, Nicolas Richard, souligne qu’il s’agit de la première fois que des contaminations locales sont recensées à Eybens et que, pour l’ensemble du pays, cette année marque un nombre exceptionnel de cas autochtones.
Démoustications : l’ARS aux commandes
Les opérations de lutte contre les moustiques sont pilotées par l’ARS, rappelle la mairie, qui se borne à relayer les consignes et à informer les riverains. La prochaine intervention prévue aura lieu dans la nuit du mardi 2 septembre au mercredi 3 septembre. Les traitements concerneront notamment le parc de la mairie, le cimetière, certaines voies du quartier des Ruires ainsi qu’une zone comprise entre le stade, la rocade, la rue Pierre-Mendès-France et l’avenue Jean-Jaurès.
Le produit utilisé vise uniquement les moustiques tigres adultes : les œufs et les larves ne sont pas détruits, ce qui explique la nécessité de répéter les interventions sur un même secteur. La commune rappelle l’exemple d’opérations similaires menées à Claix en juillet.
Limites et contraintes
Une partie des habitants demande une pulvérisation généralisée sur toute la commune, demande qui n’est pas retenue pour le moment. L’ARS motive ce choix par plusieurs limites : le traitement ne touche pas les stades immatures (larves, œufs), son emploi fréquent au même endroit peut conduire à l’apparition d’une résistance chez les moustiques, et il s’agit d’un produit ayant un impact toxique sur l’environnement.
Messages de prévention
La municipalité renouvelle ses appels à la vigilance vis-à-vis des lieux où l’eau peut stagner — repères privilégiés de reproduction du moustique tigre — rappelant que la sensibilisation sur ce point est conduite depuis une dizaine d’années. Le rayon de déplacement de cet insecte étant limité, d’environ 150 mètres autour de son habitat, la propagation rapide sur l’ensemble de la commune reste improbable, selon le maire.
Avec l’arrivée de l’hiver, les adultes devraient disparaître naturellement, mais la mairie espère que la situation sera maîtrisée avant cette période. Nicolas Richard dit faire confiance à l’ARS et rappelle que, bien qu’il faille surveiller le chikungunya — une maladie tropicale — elle est rarement grave comparée à d’autres maladies comme le paludisme.
Suivi des solutions alternatives
Le maire suit également des expérimentations menées ailleurs en France, notamment des lâchers de moustiques tigres mâles stériles à Montpellier, qui ont donné des premiers résultats encourageants. Il indique avoir pris contact avec l’Entente interdépartementale de démoustication (EID) et le Département pour étudier ces pistes : si une opération de ce type est conduite à l’avenir, Eybens se tiendrait prête à y participer.
Origine inconnue et perspectives dans le département
L’origine précise du foyer d’Eybens n’est pas établie à ce stade. Le phénomène pourrait toutefois se reproduire lors des étés à venir, sur cette commune ou ailleurs en Isère : selon les chiffres du ministère de la Santé, plus de 40 % des communes du département sont désormais colonisées par le moustique tigre, seules certaines zones du nord et la Bretagne demeurant épargnées.
Enfin, l’ARS indique que, depuis le 1er mai 2025, 156 cas importés de chikungunya ont été recensés dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, dont 36 dans le département de l’Isère.
